Toxines et efflorescences

Bloom de Microcystis dans le lac Erié stagant près de la ville de Toledo, le 1er août 2014.
Bloom de Microcystis dans le lac Erié stagant près de la ville de Toledo, le 1er août 2014.
Bloom de Microcystis dans le lac Saint Clair, près de la ville de Détroit, le 28 juillet 2015.
Bloom de Microcystis dans le lac Saint Clair, près de la ville de Détroit, le 28 juillet 2015.

Les grands lacs du nord des Etats-Unis voient depuis au moins cinquante ans le développement régulier d’efflorescences d’algues et de phytoplanctons à la fin de l’été. A cette période de l’année, les eaux peu profondes des lacs Erié et Saint Clair se réchauffent rapidement, favorisant la croissance de ces petits organismes sensibles au froid. Avec le déversement d’eaux enrichies en nutriments par l’agriculture intensive de la région ainsi que par les villes qui bordent le lac, comme Cleveland, Toledo, ou encore Détroit, toutes les conditions sont présentes pour permettre une efflorescence.

Les algues dominant ces blooms font parties du genre Microcystis. Ces algues sont connues pour leur production abondante d’une toxine, la microcystine. Dangereuse pour l’homme, cette toxine provoque des malaises, nausées, vomissements et peut entraîner des dommages sévères au foie (voire la mort dans certains cas)… Dangereuse pour l’environnement, sa surconcentration peut entraîner la mort massive des poissons et la perturbation de tout l’écosystème aquatique. Les autorités sanitaires de la région des grands lacs sont très vigilantes à ces problématiques et s’aident des satellites de la NASA afin de surveiller la population de Microcystis.

 

Le 1er août 2014, la mise en place de vents du nord stables a poussé un bloom de ces algues au fond du lac Erié, dans les eaux qui bordent la ville de Toledo et ses stations de pompage d’eau potable.  Malheureuse coïncidence : l’eau courante de la ville est devenue impropre à la consommation (la toxine étant même résistante à l’ébullition) et la baignade a été fortement déconseillée. Le bloom ne s’est pas résorbé tout de suite et c’est seulement l’ajout de nouvelles étapes de filtration dans les stations de pompage qui a permis de lever l’interdiction de consommation de l’eau courante le 4 août.

 

Un an plus tard, le 28 juillet 2015, un bloom de Microcystis s’est développé dans le lac Saint Clair, au nord de la ville de Détroit. Celui-ci n’a pas affecté la consommation d’eau mais les scientifiques restent très prudents quant à l’évolution de ces efflorescences, suspectant que le couplage entre le réchauffement climatique et l’agriculture toujours intensive dans la région ne fera qu’augmenter leur fréquence et leur intensité…

 

Une échelle : le lac Saint Clair fait environ 35 kilomètres de large.

 

Crédits image : NASA Earth Observatory – 1 Août 2014 & 28 Juillet 2015.

Pour en savoir plus :

http://earthobservatory.nasa.gov/IOTD/view.php?id=86327

http://earthobservatory.nasa.gov/IOTD/view.php?id=84125

Ulysse P - le 29/12/2016