La poussière du Sahara à la conquête du nouveau monde

Les poussières du Sahara traversent l'Atlantique (2014).
Les poussières du Sahara traversent l'Atlantique (2014).
Une tempête lève de la poussière qui se dirige vers les Canaries (2015).
Une tempête lève de la poussière qui se dirige vers les Canaries (2015).

Ces deux photographies prises par satellite à six mois d’intervalle montrent deux événements assez similaires. Une tempête de sable dans l’ouest africain soulève de la poussière qui passera au-dessus des Canaries et terminera sa course dans le bassin de l’Amazone, dans la mer des Caraïbes et dans le Golfe du Mexique.

 

Nous en avions déjà parlé la semaine dernière : le voyage de la poussière est long et a un impact sur le climat, l’économie, la santé humaine et la biodiversité même bien loin des déserts. Influence sur le rayonnement solaire reçu, fertilisant naturel, et peut-être vecteur de maladies respiratoires ou pouvant en tout cas affecter la qualité de l’air dans les villes… On comprend pourquoi les scientifiques ont tant envie de savoir comment, en quelle quantité et jusqu’où cette poussière circule.

 

Dans une étude de 2015, des chercheurs de la NASA ont donné quelques chiffres sur ce transport. Chaque année, 180 millions de tonnes de poussières s’envolent du désert du Sahara et parcourent 3000 km, en l’espace de 7 jours, pour atteindre le continent américain.

Ces chiffres sont grands, très grands, mais peut-être pas très compréhensibles. Accrochons-nous à ce que l’on connaît un peu mieux. 180 millions de tonnes par an, cela correspondrait à l’envol, du Sahara vers les Amériques, de 650 000 Airbus A380 (vides) chaque année; ou encore à la migration de 2400 milliards (!) d’oiseaux migrateurs tels que les étourneaux ! Gigantesques nombres !

 

Mais, le Sahara se vide-t-il de son sable pour autant ? Si on estimait que le désert ne fait que perdre du sable chaque année et qu’il n’en produit ou n’en reçoit plus, cela serait-il si terrible ? Encore un petit calcul à la louche pour se rendre compte : le Sahara fait 9,2 millions de km², c’est grand comme 14 fois la France métropolitaine. On peut estimer qu’un centimètre cube de poussière (le volume d’un dé) pèse 2,5 grammes. Alors, le Sahara perdrait une épaisseur de 8 microns, 8 millionièmes de mètre, sur toute sa surface chaque année. C’est la taille d’un petit grain de sable (ou la taille de 8 grains de poussières). Ridicule non ? En un million d’années de transport de poussière, l’ensemble du Sahara serait seulement plus bas de huit mètres… Rien à voir avec l’érosion des côtes à cause de la montée des eaux par exemple. Mais ce sujet sera pour une autre fois peut-être…

 

Crédits images : NASA Earth Observatory – 24/06/2014 et 26/02/2015

Pour en savoir plus :

http://earthobservatory.nasa.gov/IOTD/view.php?id=83966&src=ve

http://earthobservatory.nasa.gov/IOTD/view.php?id=85423&src=ve

Ulysse P - le 01/12/2016

Un petit bonus :  Un de ces nuages de poussières a été suivi pendant une semaine lors de sa traversée de l'Atlantique. Crédits : NASA.
Un petit bonus : Un de ces nuages de poussières a été suivi pendant une semaine lors de sa traversée de l'Atlantique. Crédits : NASA.