L'astrolabe, la mesure du temps, et la sphère céleste

Selon Aristote, philosophe grec ayant vécu aux alentours de 300 avant JC, l'univers se divisait ainsi: au centre, se trouvait la Terre, puis la Lune, le Soleil, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne. Autour de ce cortège changeant de planètes et d'astres se trouvait la sphère céleste des étoiles fixes. Et l'univers s'arrêtait là.

Ainsi, le monde selon Aristote est divisé en deux parties distinctes: le monde sublunaire (c'est à dire en dessous de la Lune) est composé des quatre éléments que sont l'eau, la terre, le feu et l'air; et le monde supralunaire (au dessus de la Lune) est composé uniquement d'éther, un cinquième élément. Le monde sublunaire est imparfait et sujet au changement: les choses y bougent, y naissent et y meurent. Le monde supralunaire quant à lui est parfait et immuable, tous les objets s'y trouvant sont des sphères parfaites animées d'une trajectoire circulaire parfaite.

 

Cette vision du monde restera d'actualité durant toute l'antiquité et la majeure partie du moyen-âge. Jusqu'à ce que Tycho Brahe, astronome danois, remette en cause l'immuabilité du monde supralunaire en décrivant l'apparition et la trajectoire de l'objet qui sera par la suite nommée grande comète de 1577. En effet, comment le monde supralunaire peut-il être immuable et parfait si un objet situé de toute évidence plus loin que la lune, sur la sphère céleste, apparaît soudainement, décrit une trajectoire chaotique puis disparaît tout aussi soudainement? Ce furent les premiers pars de la révolution de l'astronomie et le début de la science expérimentale telle que nous la connaissons aujourd'hui.

Mais cette vision, naïve dirait-on aujourd'hui, de la sphère céleste parfaite et immuable a un avantage conséquent quand il s'agit de mesurer le temps et les distances: elle fournit un repère fixe. C'est ce principe qu'utilise l'astrolabe dont vous pouvez voir une photo ci-contre. L'astrolabe permet, et fixant une étoile ou le soleil, de connaître l'heure, le mois, le jour,  la position, et même l'ascendant astrologique. Cet instrument extrêmement complexe peut-être ainsi considéré comme l'un des premiers ordinateurs analogiques, dans le sens où il permet d'effectuer des calculs et de donner un résultat utile (date, heure, position), à partir des données que l'utilisateur y entre (angle de l'astre par rapport à l'horizon notamment). D'abord utilisé par les musulmans au moyen âge pour fixer les heures de prière, puis par les marchands pour se repérer sur une carte lors de leurs déplacements, et enfin repris et amélioré par les scientifiques occidentaux qui en ont fait un instrument de mesures astronomique, l'astrolabe a longtemps été considéré comme l'outil parfait de mesure du temps, bien plus précis que les horloges astronomiques développées par la suite.

L'astrolabe est composé de cinq pièces principales.

La matrice est le socle qui contient tous les autres éléments, elle permet de maintenir l'astrolabe en une seule pièce.

Dans la matrice est posé le tympan, grande plaque en cuivre contenant les coordonnées de la sphère céleste. Le tympan étant spécifique à une latitude, certains voyageurs en avaient plusieurs exemplaires qu'ils échangeaient suivant leur emplacement sur le globe.

Sur le tympan est fixé l'araignée, cette plaque découpée en de magnifiques fioritures. L'araignée est une carte des constellations qu'il convient l'aligner sur le tympan pour déterminer la position de l'astre observé (telle étoile, ou le soleil) sur la sphère céleste.

Finalement, deux règles sont utilisées pour fixer respectivement l'astre que l'on prend comme repère, et le soleil, permettant ainsi de déterminer l'heure, la date ou la position de l'observateur..

 

L'utilisation de l'astrolabe est intuitive, mais encore faut-il connaître ses constellations!

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