Les poussières de glace

Nous continuons notre voyage à quelques 10000 kilomètres du Sahara, car les tempêtes de poussières n’arrivent pas que dans les déserts de sables. En Alaska d’immenses glaciers s’écoulent à leur rythme, tout doucement.

 

Oui, un glacier ça coule. C’est un fluide, certes bien plus visqueux que l’eau liquide, mais un fluide tout de même. Les glaciers, donc, coulent à des vitesses s’échelonnant entre 200 mètres par an (en Nouvelle-Zélande) et plus de 12 kilomètres par an (au Groenland) . En se déplaçant, la glace racle le socle rocheux qui la supporte et forme une très fine poussière, généralement riche en fer. Cette « farine glaciaire » se concentre au front du glacier où elle se retrouve emportée par l’eau. Les rivières glaciaires sont donc très riches en fer et en micronutriments participant à la fertilisation des eaux marines, de la même manière que les poussières sahariennes.

 

En Alaska, l’automne, sec, assèche les bords des vallées glaciaires. La poussière s’y dépose et s’y accumule. Lorsque des vents du nord entrent et se renforcent dans les vallées, la poussière est massivement emportée dans les airs et forment des panaches denses, visibles depuis l’espace. Ces panaches s’allongent en structures longues de 250 kilomètres environ pendant quelques jours. Ils transportent jusqu’à 160000 de tonnes de poussières, pour les plus gros événements.

 

Le delta de la Copper River, visible sur cette photographie, est un lieu propice à l’observation de ces tempêtes de poussières glaciaires. Il est étudié depuis 2011 par les scientifiques de la NASA afin de comprendre le lien complexe qui existe entre les épisodes de tempêtes et l’écosystème marin. En effet, souvent, après une de ces tempêtes, la surface des eaux du Golfe de l’Alaska se colore en blanc ou en vert. Pourquoi ? La réponse la semaine prochaine…

 

Une échelle : sur la côte de l’Alaska, le delta (actif) de la Copper River fait environ 25 kilomètres de large. C’est la distance qui sépare le Château de Versailles de la Mairie de Saint-Denis, autour de Paris, ou encore celle qui sépare Oullins de Jonage, autour de Lyon… Pas mal, non ?

 

Crédits image : NASA Earth Observatory – Octobre 2014 et Octobre 2015.

Pour en savoir plus :

http://earthobservatory.nasa.gov/IOTD/view.php?id=84689&src=ve

http://earthobservatory.nasa.gov/IOTD/view.php?id=89021&eocn=image&eoci=related_image

Ulysse P - le 08/12/2016

En bonus : Evolution d'un panache qui s'échappe de la vallée de la Copper River. Crédits : NASA.
En bonus : Evolution d'un panache qui s'échappe de la vallée de la Copper River. Crédits : NASA.