Particularités géologiques et empreintes humaines

La plaine de Canterbury en Nouvelle-Zélande, telle que vous la découvrez sur cette photographie prise récemment par un satellite de la NASA, est le résultat de millions d’années d’évolution géologique et de plus de mille ans d’histoire humaine. De nombreuses formes, naturelles et artificielles peignent ce tableau large de quelques 70 kilomètres.

 

D’abord, le fleuve Waimakariri, qui prend naissance dans les Alpes du Sud que l’on devine à l’ouest de l’image (gauche), et dont l’écoulement est le point central dans la région. Son lit fait environ 1 kilomètre de large mais l’eau y coule sous la forme de nombreux bras qui s’entrelacent et changent constamment de formes et de débit. Une chevelure fluide qui se jette dans le Pacifique. Ce type d’hydrographie est rare dans le monde. On parle de réseau en tresse, et, en ouvrant l’œil, vous verrez que la plaine de Canterbury possède d’autre cours d’eau similaires.

 

Autour de ces cours d’eau, un immense patchwork de champs rectangulaires ou aux formes arrondies par l’arrosage à pivot central, de prairies et de pâturages est entrecoupé de nombreuses routes. Au centre de l’image, on voit également des lignes sombres, sortent de hachures qui s’étendent sur environ 5 kilomètres. Il s’agit d’une exploitation forestière, la forêt d’Eyrewell, où les pins sont plantés en ligne pour faciliter la coupe des arbres les plus vieux. Alternent ainsi des bandes d’arbres d’âges différents et se dessinent, vue du ciel, ces hachures mystérieuses.

 

Sur la côte, une grande tâche grise. Christchurch, fondée en 1848, capitale de Canterbury, troisième ville de Nouvelle-Zélande, abrite ses 340 000 âmes. Vous distinguerez peut-être la gare si vous avez de bons yeux. On voit surtout se dessiner, très blanc, un axe qui s’étend à peu près d’est en ouest. Il s’agit des parties centrales de la ville, formées de grands bâtiments construits autour de l’axe de la voie ferrée, qui contrastent fortement avec les quartiers résidentiels tout autour, nombreuses petites maisons aux toits plus sombres.

 

La côte, très ouverte, formant une longue courbe face au Pacifique, nommée Baie de Pégase, est une invitation au voyage. La ville de Christchurch a d’ailleurs été le point de départ de plusieurs expéditions en Antarctique, dont la fameuse et malheureuse conquête du pôle sud commandée par Robert Falcon Scott. L’expédition Terra Nova partit en 1910 et devait atteindre le pôle sud et ainsi permettre à la couronne britannique de réaliser cet exploit avant la mission norvégienne de Roald Amundsen. Si vous ne les connaissez pas encore, je vous enjoins à découvrir les aventures proprement fascinantes de ces deux équipes d’explorateurs.

 

La côte, toujours, est beaucoup plus découpée au sud et on distingue même, à l’abri de la roche, un port, Lytellton, relié à Christchurch par un tunnel. Les renforts naturels de la roche résultent de l’érosion d’un complexe volcanique qui a vu ses dernières éruptions s’arrêter il y a environ six millions d’années. On devine très facilement la différence des terrains géologiques qui composent la plaine et ceux qui ont formé les volcans. La lave durcie, les basaltes et autres gabbros, ont formés des reliefs qui s’érodent en fortes pentes. Les sédiments provenant des Alpes du Sud recouvrent la plaine de Canterbury à la faveur des inondations et des changements de direction des cours d’eau en tresse.

 

Et à l’ouest donc, les Alpes du Sud s’élèvent depuis quelques 25 millions d’années. Elles sont le résultat de la rencontre des plaques Pacifique à l’est et Australienne à l’ouest. La plaque Pacifique s’enfonce par subduction sous la plaque Australienne et de ses énormes contraintes naissent les Alpes du Sud. Ces montagnes sont donc la limite de plaques tectoniques, une immense frontière qui pourrait sembler invisible et qui, pourtant, a sculpté le paysage que nous avons sous les yeux aujourd’hui, modelé ensuite par l’implantation humaine.

 

Crédits image : NASA Earth Observatory – 17 Octobre 2015.

Pour en savoir plus :

http://earthobservatory.nasa.gov/IOTD/view.php?id=89616

https://earthobservatory.nasa.gov/IOTD/view.php?id=3217

 

https://earthobservatory.nasa.gov/IOTD/view.php?id=8324

Ulysse P - le 23/03/2017