Des couleurs pour classer et comprendre

Mer d'Arabie (2015).
Mer d'Arabie (2015).
Au large de la Patagonie (2014).
Au large de la Patagonie (2014).

Les images satellites ne sont pas toujours prises en vraies couleurs. Par là il faut entendre que certaines de ces images ne reproduisent pas tout à fait les couleurs que l’œil humain aurait perçues. Quand c’est le cas, elles sont généralement le résultat de l’agrégation de plusieurs photographies prises avec des filtres de couleurs spécifiques, un peu comme une amélioration des contrastes. Ce procédé permet, par exemple, de faire ressortir la ligne de côte qui peut être distordue et peu visible à cause de l’épaisseur de l’atmosphère. On utilise dans ces cas-là un filtre ne montrant que le bleu profond sur l’image. C’est ce qui a été utilisé pour la photographie du lac Erié de la semaine précédente par exemple.

 

Ce traitement des images ne modifie pas les observations, c’est un véritable atout pour les affiner.

 

Lorsque l’on veut comprendre les blooms de phytoplanctons, on peut utiliser trois filtres : un bleu profond, un vert et un rouge. Leur combinaison renforce les différences de couleurs entre plusieurs espèces ou populations de phytoplanctons et permet de mieux distinguer les nombreuses spirales que forment les blooms à la merci des courants marins.

 

Un dernier survol d’efflorescences de phytoplanctons, une dernière occasion d’admirer ces immenses spirales vertes et bleues dans la mer d’Arabie, nourrie de poussières par les moussons d’hiver. Une dernière contemplation de cette danse au large de la Patagonie, là où les eaux froides de l’Antarctique rencontrent les eaux plus chaudes de l’Atlantique et que, de leur mélange turbulent, remontent du fond des océans des nutriments qui nourrissent la grande « ceinture de calcite », zone immense entourant le continent Antarctique où, de novembre à mars, les coccolithophores produisent des carbonates et piègent du CO2.

 

De manière générale, le bleu laiteux correspond aux coccolithophores et le vert aux autres espèces d’algues ne produisant pas de calcaire (dinoflagellés et diatomées par exemple). Tous ces organismes s’affrontent dans une compétition pour les nutriments, le soleil, le CO2, et il n’est pas rare d’observer une zone complétement verte devenir petit à petit bleue en l’espace de quelques jours. Ces écosystèmes très dynamiques n’auront pas fini de nous fasciner.

 

Une échelle : les grandes spirales visibles sur ces deux photographies, prises par l’instrument VIIRS à bord du satellite de météorologie Suomi-NPP, font environ 200 kilomètres de diamètre.

 

Crédits images : NASA Earth Observatory – 2 Décembre 2014 & 21 Décembre 2015.

Pour en savoir plus :

http://earthobservatory.nasa.gov/IOTD/view.php?id=87356&src=ve 

http://earthobservatory.nasa.gov/IOTD/view.php?id=84870&src=ve

Ulysse P - le 05/01/2017

Bonus : la ceinture calcaire de l'Antarctique.
Bonus : la ceinture calcaire de l'Antarctique.

Bonus : Cette image montre la concentration en chlorophylle, le pigment de la photosynthèse des microalgues, de décembre 2011 à mars 2012. Le bleu représente les faibles concentrations, le rouge les plus fortes. Cette image est produite grâce aux données récoltées par le satelllite Sumoi-NPP et permet ainsi de distinguer une zone riche en algues autour de l’Antarctique, bordée par la « ceinture de calcite ».

Pour en savoir plus :

https://www.nasa.gov/mission_pages/NPP/multimedia/gallery/V20113552012080-NPP.html#.WF1x5BvhA2y