Ce que raconte le littoral

Sous le tropique du Capricorne, dans l’hémisphère sud, s’étend une longue plage. Depuis ses hautes dunes, grandes ondes immobiles qui sculptent le sable fin, vous pourriez voir au loin se briser des vagues et vous étonner du relatif calme des eaux dans lesquelles vous vous apprêteriez à vous baigner. En marchant un peu vers le nord (à gauche sur cette image), vous arriveriez à l’embouchure d’un fleuve. Ce serait probablement l’hiver dans cet hémisphère (l’été en France), et le climat sec à cette saison aurait fait considérablement baisser le niveau de l’eau, brune et chargée en boue. Vous traverseriez sans trop de soucis le delta en vous rendant compte que, étrangement, les vagues venaient désormais frapper le rivage de la plage. Plage qui, l’instant d’avant vous paraissait bien droite, et qui à présent s’allongerait dans une grande courbe. Au bout de cette baie soumise à l’action des vagues, des dunes encore, et un nouveau cours d’eau. Stagnante. Et beaucoup de végétation. Comme un bras de mer duquel jaillirait des plantes aux longues racines cherchant désespérément à s’élever au-dessus du niveau de l’eau, jusqu’à ce que la marée montante les rattrape. Une mangrove, source de curiosités animales et végétales. Vous prendriez peut-être votre courage à deux mains pour passer de l’autre côté de ce bras de mer. Mais même sans aller plus loin vous verriez qu’une fois sortie de la baie, les vagues auraient à nouveau disparu. L’eau bleue et transparente, calme, sereine. Vous arriveriez enfin à une nouvelle plage battue par les vagues, sur la pointe nord de cette zone. De là, l’endroit où se brisent les vagues à l’ouest vous semblerait plus proche. Alors, vous enfileriez votre masque de plongée, et vous jetteriez dans l’eau chaude de ces régions, à la découverte des récifs de corail qui retiennent la fureur des vagues et calment les eaux du lagon. Vous seriez quelque part dans le sud-est de Madagascar… Un beau tableau n’est-ce pas ?

 

Depuis la station spatiale internationale, la vue est également très belle. Avant la plage, des champs, dont on distingue les limites de parcelles. Sur la plage, des dunes qui s’allongent du nord au sud, poussées par les vents du nord qui soufflent sur la côte de Madagascar, un fleuve qui apporte toujours plus de sable sur la plage, et une mangrove étirant ses innombrables bras. Dans l’eau, la ligne des récifs coralliens, soulignée par la blanche écume des vagues qui se brisent en arrivant dessus. Une plage longue de quelques 15 kilomètres et, à 2 kilomètres de la côte, une ligne de récifs coralliens qui n’est pas continue. L’effet de protection de la barrière de corail est saisissant sur cette image. Là où elle est présente, les vagues se brisent et l’eau du côté de la plage est calme, lisse et transparente. Là où la barrière est rompue, les vagues s’engouffrent dans le lagon, frappent la plage et creusent une baie en déstabilisant les boues rouges et brunes amenées par le fleuve.

 

Mais pourquoi cette rupture dans la longue ligne du récif ? En des temps anciens, lorsque le niveau d’eau était plus bas, le fleuve poursuivait sa course jusqu’à l’océan et formait son delta bien plus bas également. L’eau est depuis montée et les récifs ont grandis, sauf dans l’axe du fleuve.

 

Bientôt l’été. Peut-être savourez-vous déjà d’avance vos prochaines vacances. Si vous les passez sur une plage, ne manquez pas de jeter un œil à la forme de celle-ci et aux vagues depuis les hauteurs des dunes environnantes. Vous pourriez découvrir les traces des changements subtils mais continus qui sculptent les côtes…

 

Crédits images : NASA Earth Observatory – 01 Août 2015.

Pour en savoir plus :

https://earthobservatory.nasa.gov/IOTD/view.php?id=86764

 

Pour voir les plages, les champs, les fleuves et les dunes, 

toutes orientées par le vent du nord qui souffle sur la côte sud-est de Madagascar, 

explorez cette vue satellite :

 

https://www.google.fr/maps/@-25.0338675,44.1236422,16509m/data=!3m1!1e3

Ulysse P - le 01/06/2017